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Louable de mille vertus, lui qui ne laissait vendre ni ses vieux esclaves, ni les animaux que le travail ou des accidents avaient mutilés à son service, il ne l’est pas de cette pusillanimité qui le laisse flotter entre les opinions des philosophes, sans avoir le courage de les contredire ou de les appuyer, et qui lui donne, pour tous les hommes célèbres, le respect qu’on ne doit qu’à ceux qui furent vertueux ou justes. Il fait luire un jour doux même sur les crimes.

Avec un excellent jugement, Plutarque a cependant une singulière frivolité d’esprit.

Tout ce qui l’amuse, l’attire et l’occupe. C’est un maître écolier, dans la force de ses études.

Je ne dis rien de sa crédulité. Il ne faut pas blâmer, à cet égard, ceux qui écrivent les faits dont le philosophe doit se servir pour composer l’histoire.

La pensée de Plutarque, dans ses morales, se teint de la pourpre de tous les autres livres.

Il y dit ce qu’il sait plutôt que ce qu’il pense.