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épiques, les dialogues de Platon. Il a eu raison, et Marmontel, qui le contredit, a mal connu la nature et le caractère de ces dialogues, et mal entendu Aristote.

Platon doit être traduit d’un style pur, mais un peu lâche, un peu traînant. Ses idées sont déliées ; elles ont peu de corps, et, pour les revêtir, il suffit d’une draperie, d’un voile, d’une vapeur, de je ne sais quoi de flottant.

Si on leur donne un habit serré, on les rend toutes contrefaites.

Platon, Xénophon et les autres écrivains de l’école de Socrate, ont les évolutions du vol des oiseaux ; ils font de longs circuits ; ils embrassent beaucoup d’espace ; ils tournent longtemps autour du point où ils veulent se poser, et qu’ils ont toujours en perspective ; puis enfin ils s’y abattent. En imaginant le sillage que trace en l’air le vol de ces oiseaux, qui s’amusent à monter et à descendre, à planer et à tournoyer, on aurait une idée de ce que j’ai nommé les évolutions de leur esprit et de leur style. ce sont eux qui bâtissent des labyrinthes,