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Hélas ! Ce sont les livres qui nous donnent nos plus grands plaisirs, et les hommes qui nous causent nos plus grandes douleurs.

Quelquefois même les pensées consolent des choses, et les livres consolent des hommes.

Il y a des livres plus utiles par l’idée qu’on s’en fait que par la connaissance qu’on en prend.

Il ne suffit pas qu’un ouvrage soit bon ; il faut encore qu’il soit fait par un bon auteur, et qu’on y voie, non-seulement la beauté qui doit lui être propre, mais encore l’excellence de la main qui l’a fait. C’est toujours l’idée de l’ouvrier qui cause l’admiration. La trace du travail, l’empreinte de l’art, si tout le reste est achevé, sont un agrément de plus. Le talent doit donc traiter tous les sujets, et disposer toutes ses œuvres, de manière à pouvoir s’y montrer sans affectation : simul denique eluceant opus et artifex.