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quelques eaux claires sur de petits cailloux, que le souvenir des mots qui ont fui.

Rien n’est pire au monde qu’un ouvrage médiocre qui fait semblant d’être excellent.

En quelques-uns, écrire est leur occupation, leur affaire, leur vie ; en quelques autres, leur amusement, leur distraction, leur jeu. En ceux-là, c’est magistrature, fonction, devoir, inspiration ; en ceux-ci, tâche, métier, calcul, commerce, propos délibéré. Les uns écrivent pour répandre ce qu’ils jugent meilleur à tous ; les autres pour étaler ce qu’ils estiment meilleur à eux. Aussi les uns veulent bien faire et les autres faire à propos, se proposant pour fin, les premiers la vérité, et les seconds le profit.

Les vrais savants, les vrais poëtes deviennent tels par le plaisir plus que par le travail.

Ce qui les précipite et les retient dans leurs études, ce n’est pas leur ambition, mais leur génie.