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Ce qui est douteux ou médiocre a besoin de suffrages pour faire plaisir à l’auteur ; mais ce qui est parfait porte avec soi la conviction de sa beauté.

On dit que les livres sont bientôt lus ; mais ils ne sont pas bientôt entendus. Le point important est de les digérer. Pour bien entendre une belle et grande pensée, il faut peut-être autant de temps que pour la concevoir.

L’abeille et la guêpe sucent les mêmes fleurs ; mais toutes deux ne savent pas y trouver le même miel.

Même pour le succès du moment, il ne suffit pas qu’un ouvrage soit écrit avec les agréments propres au sujet ; il faut encore les agréments propres aux lecteurs. Il faut qu’un livre rappelle son lecteur, comme on dit que le bon vin rappelle son buveur. Or, il ne peut le rappeler que par l’agrément. Un certain agrément