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Un goût sûr est celui qui sait distinguer la matière de la forme, et séparer les vices de la forme de l’excellence du fond, les vices du fond de l’excellence de la forme.

Dans toutes les sortes d’ouvrages de goût et de génie, la forme est la partie essentielle, et le fond n’est qu’un accessoire.

Les choses littéraires sont du domaine intellectuel ; en parler avec les passions de celui-ci est contraire à la convenance, aux proportions, au bon esprit et au bon sens. Le zèle amer de certains critiques pour le bon goût, leurs indignations, leurs véhémences, leurs flammes sont ridicules ; ils écrivent sur les mots comme il n’est permis d’écrire que sur les mœurs. Il faut traiter les choses de l’esprit avec l’esprit, et non avec le sang, la bile, les humeurs.

Où n’est pas l’agrément et quelque sérénité,