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perspective. Les faits et les événements trop attestés ont, en quelque sorte, cessé d’être malléables.

Il faut que l’auteur comique et le tragique se maintiennent méditatifs, celui-ci pour être égal à son ouvrage, et celui-là pour être supérieur au sien.

Le comique naît du sérieux du personnage ; le pathétique, de la patience ou du repos de celui qui souffre. Il n’y a donc point de comique sans gravité, ni de pathétique sans modération. Celui qui fait rire doit oublier qu’il est risible, et celui qui pleure, ignorer ou retenir ses larmes.

Le plaisir propre de la comédie est dans le rire, et celui de la tragédie dans les larmes.

Mais il faut, pour l’honneur du poëte, que le rire qu’il excite soit agréable, et que les larmes soient belles. Il faut, en d’autres termes, que la tragédie et la comédie nous fassent rire et pleurer décemment. Ce qui force le rire et