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avec plaisir des minuties qu’on se plaît à y regarder, et qui n’y sont point inutiles, soit parce qu’elles détendent et amusent l’attention, soit parce qu’elles entrent facilement dans l’esprit, et, s’attachant à la mémoire, y fixent les faits principaux, dont elles sont des dépendances. Quelques détails, après les masses, introduisent la variété. Les petits faits sont des traits excellents pour le signalement.

Ils doivent leur existence aux mœurs du temps, à l’humeur d’un personnage, à ses goûts, à ses habitudes, à ses manies. C’est un fonds qui les a produits, un terrain où on les a vus.

Les grands événements naissent des choses et de l’enchaînement des causes ; mais les petits naissent de l’homme, productions spontanées dont la semence est dans le sol, et qui en décèlent la qualité.

La couleur qu’on nomme historique est d’autant meilleure qu’elle sert en quelque sorte de vêtement. Employez-la donc dans les figures nues ; mais, dans les figures vêtues, peignez soigneusement la chair. Il faut que la nudité porte toujours son voile avec elle, et que jamais le vêtement ne cache toute la nudité.