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sculpteur ou le pinceau du peintre, leur offrent une foule de ces rencontres indispensables au génie pour lui faire trouver du plaisir dans le travail. Mais il ne faut à l’orateur, au poëte, au philosophe qu’un plan entrevu et non pas arrêté ; il leur suffit de connaître par avance le commencement, le milieu et la fin de leur ouvrage, de choisir leur diapazon, leur repos et leur but.

L’ouverture, l’exorde, le prélude, servent à l’orateur, au poëte, au musicien, à disposer leur propre esprit, et aux auditeurs à préparer leur attention. Il doit y régner je ne sais quelle lenteur, participant du silence qui précède et du bruit qui va suivre. L’artiste y doit faire montre de ses ressources, afin de donner des gages de sa capacité, mais avec la modestie et la réserve d’un homme dont les sens s’éveillent, pour ainsi dire, et n’entrent en jeu que l’un après l’autre. Ce n’est que lorsque l’esprit a pris son vol, et l’attention sa stabilité, que l’opération commence et que le sujet se déploie.

Les épisodes rendent, par l’entrelacement,