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Cicéron : rien ne lui manque, que l’obstacle et le saut.

L’élégance et le soin sont nécessaires l’un à l’autre, et plaisent l’un par l’autre. Quand le soin a produit l’élégance, il devient, par cet agrément, facilité. L’aisance est importante dans l’ouvrage, mais non pas dans l’ouvrier, si ce n’est pour son plaisir propre. Pour celui du lecteur, il suffit que la peine l’ait produite.

Quand on a fait un ouvrage, il reste une chose bien difficile à faire encore, c’est de mettre à la surface un vernis de facilité, un air de plaisir qui cachent et épargnent au lecteur toute la peine que l’auteur a prise.

Quand un ouvrage sent la lime, c’est qu’il n’est pas assez poli ; s’il sent l’huile, c’est qu’on a trop peu veillé.

Il ne faut qu’un moment à la sagacité pour tout apercevoir, il faut des années à l’exactitude pour tout exprimer.