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éblouit. Il faut que l’ombre succède à l’éclair pour le rendre supportable.

On trouve dans certains livres des lumières artificielles, assez semblables à celles des tableaux, et qui se font par la même sorte de mécanisme, en amoncelant les obscurités dans certaines parties, et en les délayant dans d’autres. Il naît de là une certaine magie de clair-obscur, qui n’éclaire rien, mais qui paraît donner quelque clarté à la page où elle se trouve.

La splendeur est un éclat paisible, intime, uniforme dans tous les points ; le brillant, un éclat qui ne règne pas dans toute la masse, ne la pénètre pas, et ne se rencontre que dans les parties.

Il est bon, il est beau que les pensées rayonnent ; mais il ne faut pas qu’elles étincellent, si ce n’est fort rarement. Qu’elles reluisent est le meilleur.