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subtil, pour s’élever et arriver au sublime, comme, pour monter aux cieux, il faut passer par les nuées. Si donc on se sert du subtil comme d’un moyen pour atteindre à de hautes réalités, on doit l’admettre ; mais si on voulait s’y arrêter, il faudrait l’interdire ; c’est-à-dire, qu’il faut l’admettre comme chemin, et l’interdire comme but.

Le sublime est la cime du grand.

L’énergie gâte la plume des jeunes gens, comme le haut chant gâte leur voix. Apprendre à ménager sa force, sa voix, son talent, son esprit, c’est là l’utilité de l’art, et le seul moyen d’exceller.

La force n’est pas l’énergie ; quelques auteurs ont plus de muscles que de talent.

Où il n’y a point de délicatesse, il n’y a point de littérature. Un écrit où ne se rencontrent que de la force et un certain feu sans éclat