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maçonnerie, mais on fait mal l’architecture.

Nous ne prenons plus garde, dans les livres, à ce qui est beau ou à ce qui ne l’est pas, mais à ce qui nous dit du bien ou du mal de nos amis et de nos opinions.

On ne saurait dire à quel point l’esprit est devenu sensuel, en littérature. On veut toujours quelque beauté, quelque appât dans les écrits les plus austères. On confond ainsi ce qui plaît avec ce qui est beau.

Le style philosophique, né parmi nous déclamatoire et violent, est demeuré depuis emphatique ou enflé. Même quand il se borne à disserter, il participe de ces défauts ; seulement, son emphase est plus froide et son enflure plus sèche. Il y a, dans toutes nos dissertations, l’accent de la querelle, et un ton hargneux déguisé.

Au lieu de ce langage poétique et mathématique