Page:Joubert - Pensées 1850 t1.djvu/436

Cette page n’a pas encore été corrigée

et l’affaiblissez ; la décadence vient de vous.

Ayons une philosophie amie de l’antiquité, et non pas de la nouveauté, qui se propose l’utilité plus que l’éclat, et qui aime mieux être sage que hardie. La présomption est toujours en faveur de ce qui a été ; car s’il a été, s’il a subsisté, il y a eu quelque raison de son existence et de sa durée, et cette raison n’a pu être que sa convenance avec ce qui existait déjà, ou un besoin du temps, ou un besoin de la nature, quelque nécessité enfin qui le ramènera, si on le détruit, ou qui en fera sentir l’absence par quelque grave inconvénient.

Il ne peut y avoir de bon temps à venir que celui qui ressemblera aux bons temps passés.

Le temps nous entraîne et, avec nous, nos bonnes mœurs, nos bons usages, nos bonnes manières, et nos bonnes opinions. Pour ne pas les perdre et ne pas nous perdre nous-mêmes, il faut nous attacher à quelque époque dont nous puissions ambitionner de faire revivre