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une impression, forment le caractère de leur bonne littérature. Ce n’est que chez les grecs gâtés par la vie romaine, que vous trouverez cette abondance de discours opposée à la pureté. Jamais une expression oratoire ne se présente dans leurs meilleurs historiens ; et l’éloquence, dans leurs grands orateurs, est plus voisine de l’histoire que, dans leurs bons conteurs, l’histoire n’est voisine de l’éloquence.

Les anciens, dans leurs compositions, avaient l’esprit plus à l’aise que nous. Ils n’étaient pas embarrassés de mille égards auxquels nous sommes forcés envers une foule d’ouvrages que nos lecteurs connaissent, et que nous ne pouvons nous dispenser de combattre ou de rappeler perpétuellement. Obligés ainsi de nous tenir en harmonie ou de nous mettre en désaccord avec tous les livres qui existent, nous faisons notre partie au sein de la cacophonie ; eux chantaient en paix leur solo.

C’est surtout du langage des anciens qu’il faut être scrutateur studieux.