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ont chassé nos commis avec ignominie, comme des friponneaux maladroits, assez impudents pour se mêler d’être trompeurs, sans industrie et sans vocation. Il faut à la mauvaise foi des combinaisons, des précautions, du secret, de la lenteur ; le français n’y est pas propre. Il ne réussit bien qu’aux sentiments qui exigent du jet, et au commerce qui demande du goût, de la hardiesse et de la célérité.

Les journaux et les livres sont plus dangereux en France qu’ailleurs, parce que tout le monde y veut avoir de l’esprit ; et que ceux qui n’en ont pas, en supposent toujours beaucoup à l’auteur qu’ils lisent, et se hâtent de penser ou de parler comme lui.

Mettez la poésie d’Homère ou l’éloquence de Démosthènes à la mode, les français en feront, et même ils y excelleront.

En France, il semble qu’on aime les arts pour en juger bien plus que pour en jouir.