mal concertés, notre maintien même devient aigrefin. Les autres nations, plus graves, plus réfléchies, plus profondément émues, font bientôt de nous leur dupe ; on nous bafoue et l’on se moque de nous tant qu’on veut.
La vertu seule nous sied bien ; nous l’exerçons avec grâce, et presque en nous jouant ; nous faisons les plus nobles actions et les plus hauts sacrifices avec aisance, simplicité, grandeur.
Mais il faut que nous soyons abandonnés à notre instinct ; si l’on veut nous faire agir par des voies étrangères à notre naturel, nous devenons mesquins, intrigants sans succès, jouets de tous et dignes de mépris. C’est pour cela que l’histoire de nos armées est si belle, et celle de nos compagnies si misérable. Voyez le sort de nos établissements dans les Indes.
Nous avons bien pu, à main armée, chasser les nations rivales d’un poste qu’elles occupaient, et nous faire, par notre humeur, plus d’amis qu’elles en ces contrées. L’Amérique et l’Inde n’ont point à nous redemander le sang injustement versé, et nous n’avons à redouter ni leur vengeance ni leur haine ; mais nous avons eu souvent à rougir de leur juste dédain ; jamais nous n’avons su y supplanter le commerce d’aucune nation, et souvent elles