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loi, avait d’abord été coutume, et l’histoire de notre droit coutumier fut celle du droit de tous les peuples. Les lois de Solon se firent comme la coutume de Sens. Des lois ainsi faites ne sont pas les pires, et l’esprit de choisir, d’accommoder, de corriger, de rédiger avec perfection, n’est pas le moindre.

ôter aux lois leur vétusté, c’est les rendre moins vénérables : si on est réduit à en substituer de nouvelles aux anciennes, il faut leur donner un air d’antiquité ; il faut qu’il y ait de vieilles désinences dans les mots qui les expriment, et quelque chose qui réponde aux untor et unto des latins.

En Grèce, les sages avaient égard, dans leurs lois, à la commodité des peuples dont ils évitaient de contrarier les habitudes et les mœurs. Ils les faisaient propres à plaire, et comme ils auraient fait des vers. Il faut bien, en effet, que les lois s’ajustent, jusques à un certain point, aux habitudes et aux mœurs, et qu’elles soient bonnes, comme disait Solon, pour le peuple qui les reçoit ; mais il faut