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elles la perdent, lorsque tout y est réglé par des lois fixes, et, pour ainsi dire, inflexibles.

La nature de l’homme est souple et s’ajuste à tout ; on doit y avoir égard dans les lois ou déclarations de la morale publique ; mais, dans la constitution des gouvernements, il faut avoir égard aux circonstances du passé et du présent. Les constitutions ont été, sont, et ne sauraient être que filles du temps.

Une constitution à faire est un édifice à élever ; mais songez surtout à la clef de voûte ; qu’elle soit tellement solide qu’autour d’elle rien ne puisse être abaissé, et qu’elle-même ne puisse jamais ni descendre ni s’exhausser.

Tout se fait et doit se faire par une sorte de transaction dans les nouveautés politiques.

Donner un nouveau gouvernement à une vieille nation, c’est mettre du jeune sang dans