notre voix, à notre air, à nos mouvements, et qui leur donnent tant de grâce. Car, on peut le voir aisément : ce qu’est leur cristal aux fontaines, ce qu’est un verre à nos pastels, et leur vapeur aux paysages, la pudeur l’est à la beauté et à nos moindres agréments.
Quelle importance a la pudeur ? Pourquoi nous fut-elle donnée ? De quoi sert-elle à l’âme humaine ? Quelle est sa destination, et quelle est sa nécessité ? Je vais tâcher de l’expliquer.
Quand la nature extérieure veut créer quelque être apparent, tant qu’il est peu solide encore, elle use de précautions. Elle le loge entre des tissus faits de toutes les matières, par un mécanisme inconnu, et lui compose un tel abri, que l’influence seule de la vie et du mouvement peut, sans effort, y pénétrer. Elle met le germe en repos, en solitude, en sûreté, le parachève avec lenteur, et le fait tout à coup éclore. Ainsi s’est formé l’univers ; ainsi se forment en nous toutes nos belles qualités.
Quand la nature intérieure veut créer notre être moral, et faire éclore en notre sein quelque rare perfection, d’abord elle en produit