Page:Joubert - Pensées 1850 t1.djvu/109

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.



XIV.

En mettant sans cesse la matière devant nos yeux, on nous empêche de la voir. Vainement on vante l’ouvrier en nous étalant les merveilles de son ouvrage ; la masse offusque, l’objet distrait, et le but, sans cesse indiqué, est sans cesse impossible à voir.

XV.

Dieu multiplie l’intelligence, qui se communique comme le feu, à l’infini. Allumez mille flambeaux à un flambeau, sa flamme demeure toujours la même.

XVI.

Dieu n’aurait-il fait la vie humaine que pour en contempler le cours, en considérer les cascades, le jeu et les variétés, ou pour se donner le spectacle de mains toujours en mouvement, qui se transmettent un flambeau ? Non, Dieu ne fait rien que pour l’éternité.

XVII.

Notre immortalité nous est révélée d’une révélation innée et infuse dans notre esprit. Dieu