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47(5 JOURNAL INTIME DE JOUBRRT

7 janvier, Bossuet. En de pareils temps il n’y auroit point eu assés de sciences pour remplir un pareil esprit, ni assés de matières pour exercer toutes ses forces, ni assés de tranquillité pour lui laisser un libre usage de sa vaste capacité... Assés de lumière pour i’écJairer, assés d’intelligence pour l’entendre. * » S janvier. Ces idiotismes semblent par leur familiarité même témoigner une plus grande sincérité. Enfin ils plaisent parce qu’ils semblent montrer encore plus l’homme que l’auteur, ce que Paschal regardoit comme une cause des plaisirs que font certains livres.

,9 janvier. — En ellct un peu de poussière noire suffit aux hommes même pour renverser les villes, pour fendre les plus durs rochers et pour ébranler les montagnes. » L’abbé Delîle. Cet homme n’a dans la tête que des sons et des couleurs, mais voyez ce qu’il en fait. » î3 janvier. De la vieillesse littéraire. — C’est que ta jeunesse suit la mode et doit suivre la règle. Le dernier âge suit son goût et cherche sa commodité.

— Si les beaux vers se font dans l’âme et non pas dans l’esprit. Car l’esprit est extérieur. De la demeure et des différentes enceintes de l’âme. L’imagination (littéraire) y est plus près du centre que l’esprit.

14 janvier. Montesquieu. Sa phraze vive a été longtemps méditée. Ses mots légers comme des ailes portent des réflexions graves. 11 a des sauts et des élans pour sortir d’une profondeur.

2 janvier. Milton. Quel grand sens ! cl que de folies !

fi janvier. Les anges, dans Miltou, ont un éventail au travers duquel ils regardent leurs ailes.

14 janvier. Ces pensées qui nous viennent subitement et qui ne sont pas encore à nous.

Je scais trop ce que je vais dire. Je le scais trop avant d’écrire. 15 janvier. F. Y. l’a fort bien dit, « le style descriptif n’est qu’une nomenclature », aride chez les uns, peinte et ampoulée chez les autres.