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JOURNAL INTIME DE JOUBERT 479

>t à l’intelligence... Pure et dure ont le même son, si on ne consulte lue l’oreille.

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Racontez un tableau de Raphaël : pour en rendre l’effet, il faudra oidir ce qui y est souple. Parlez d’un tableau de Michel-Ange ; il faudra montrer grand ce qui n’est que fort. 23 janvier.

Dans les belles traductions il faut, comme dans les empreintes d’un cachet, quand elles sont fidèles, le relief en creux, le creux en relief. I *

De là vient que nos mots ont trop de forces et que nos pensées n’en ont pas assés.

Cette modération qui rend robuste... Semblables à ces hommes qui disent des froideurs avec feu et des ‘aibïesses fortement, ils ont des dens et des poumons, mais non pas le bonnes raisons.

A Villeneuve, on craignoit les puissans et on craint les méchans.

Tantns amor florunt et generandi (Virgil.) Tant elles >nt l’amour des fleurs ! tant elles ambitionnent la gloire de faire du miel !

Mata mentis gauâia. « Les joyes coupables du cœur. * Rien Slnb :rt. Qualemprimo qui sttrgere mense aut videt aut vidisse putat per nubiiatunam. Nota. La lune, astre mélancholiqtie. La lune aux prei miers jours des mois, astre pâle et encore incertain. C’est ce que Mr Strubrt appelle fort bien « un des accidcns les plus mélancholiques de la nuit). Vïd. Merc. 19 j*r 1805.)

C’est que les tournures propres à la confidence me sont familières, mais non pas celles qui sont propres à la familiarité. V[oltaire] a des patins. II excelle à glisser sur les surfaces. — Il voit le fonds, mais sans y pénétrer. »

24 janvier.

Si je me trompe, c’est au moins par de bonnes raisons.

Poésie proprement dite, c’est à dire celle qui est tout par elle même. En n’opérant que sur une matière pbantastique et sur scs propres créations, -

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< Il part, il vole... * Non, Un pareil vers n’est point rapide, il n’est que remuant. Ce ne sont pas là des ailes ; ce sont des pattes et des pieds, des articulations où l’on voit la secousse. •

Des pensées légères, nettes, distinctes, achevées ; et des paroles qui ressemblent à leurs pensées.

Des mots qui souvent conservent du sens même lorsqu’ils sont détachés des autres et qui plaisent isolés comme des sons.