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APPENDICE


tion. La lettre de Gonse a donc été fabriquée après le 14 janvier 1898, et, certainement, à l’usage de Cavaignac, quand il devint ministre de la Guerre. Cavaignac s’était attaché à la légende des aveux. Devenu ministre, ce « sinistre dadais », comme l’appelle Clemenceau, voulut faire des aveux son principal argument contre la revision. Alors Gonse fabriqua, avec Boisdeffre, la lettre du 6 janvier 1895. La lettre de Mme Dreyfus à Cavaignac, la révélation de la visite de Du Paty à Dreyfus, avaient causé une vive émotion. Gonse et Boisdeffre pensèrent qu’il n’était plus possible de dissimuler l’incident ; ils se contentèrent de le travestir. Mais ils oublièrent que Gonse et Henry n’en avaient pas fait mention dans la note qu’ils avaient dictée, le 20 octobre 1897, à Lebrun-Renault.

XXII

la fausse nuit historique

Le récit que j’ai donné montre l’impossibilité matérielle de la scène inventée par Mercier et confirmée par Boisdeffre. Elle ne peut se placer à aucun moment.

L’absence de Boisdeffre dans la journée du 6, ayant été révélée par lui-même, par Cavaignac et par Gonse à la Cour de cassation, rappelée à Rennes par Demange, reconnue de nouveau par lui-même et par Gonse, l’ancien chef d’État-Major n’insiste pas sur la date du 6. « Mais je suis absolument certain, dit-il, que, dans les premiers jours de janvier, le général Mercier me fit appeler le soir. Je me rendis dans son cabinet. Le général Mercier me pria, me disant qu’il allait se rendre à l’Élysée, de l’attendre, en me prévenant qu’il aurait peut-être des décisions graves à prendre à son retour et des ordres graves à me donner. Je l’attendis de 8 heures du soir environ jus-