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APPENDICE


depuis que l’on sait qu’il n’en a pas été question au cours des débats contradictoires du conseil de guerre, j’ai dû conclure qu’elle avait été discutée entre les juges seulement sans que l’accusé ni le défenseur en eussent connaissance.

« Le 31 août 1898, le jour même où les journaux du matin annoncèrent la découverte du faux du colonel Henry et son arrestation, je quittai Paris pour aller faire une visite dans le département de l’Orne, et je rencontrai, en chemin de fer, l’amiral Duperré : je suis ancien lieutenant de vaisseau et j’ai eu l’honneur de connaître l’amiral Duperré et d’être en relation avec lui, soit dans la marine, soit depuis que je l’ai quittée. Nous nous entretînmes longuement en chemin de fer et naturellement nous nous entretînmes de la nouvelle sensationnelle du jour. L’amiral me rapporta qu’il avait eu, quelque temps auparavant, au sujet de l’affaire Dreyfus, une conversation avec l’Archiduc Victor, frère de l’Empereur d’Autriche, chez qui il est intimement reçu. L’Archiduc lui avait déclaré être certain, et lui avait donné sa parole d’honneur, que le Gouvernement allemand n’avait jamais eu aucune relation avec le capitaine Dreyfus. L’amiral ajouta qu’il ne pouvait pas mettre en doute la sûreté des informations, non plus que la sincérité de l’Archiduc, qui lui avait parlé spontanément et dont il connaissait la loyauté. »

XVI

la dislocation du dossier secret et la destruction
du commentaire

La destruction du commentaire est avouée par Mercier en ces termes :

« J’ai détruit, en présence du colonel Sandherr, le commentaire, en lui disant qu’il ne devait pas en rester de traces et je lui ai rendu toutes les pièces secrètes annexées