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HISTOIRE DE L’AFFAIRE DREYFUS


— et Sandherr, Henry et Gribelin avaient gardé le commentaire de Du Paty.

Quand la vérité a commencé à se faire jour, Mercier, Boisdeffre et Gonse ont dit devant la Cour de cassation et à Rennes qu’une copie du commentaire de Du Paty avait été gardée, malgré l’ordre du ministre qui avait détruit l’original. La pièce que Picquart a trouvée dans le dossier secret et que Mercier, se l’ayant fait remettre par Gonse, a détruite par une récidive criminelle, en 1897, ainsi qu’il l’avoue également[1], ce serait cette copie.

Freystætter, dès lors, se serait trompé, ou aurait menti en précisant que Maurel donna lecture aux juges d’une notice biographique, où il aurait été question des trahisons de Dreyfus à l’École de guerre et à Bourges, d’un obus, etc…

Mais, outre qu’il est impossible d’apercevoir l’intérêt de Freystætter à ce mensonge, il faudrait que Du Paty ait fait une copie de son commentaire. Mercier aurait détruit l’original en 1894, la copie en 1897.

Seulement, Du Paty n’en dit rien. Et non seulement il ne dit pas qu’il aurait fait une copie de son commentaire ou qu’il ait donné son commentaire en deux exemplaires (et pourquoi ?) à Sandherr, — mais encore il indique très nettement son soupçon que ce n’est pas son commentaire qui a été lu aux juges. Et pourquoi s’en défendrait-il ?

4° Mercier ne dit nulle part que le commentaire communiqué aux juges ait été l’œuvre de Du Paty. Bien au contraire. Et cela est significatif.

De même Gribelin croit, mais sans pouvoir l’affirmer sous la foi du serment, qu’il y avait, dans le dossier secret reconstitué par Henry, une note écrite de la main de Du Paty[2]. Il déclare, prudemment, n’avoir pas participé à la confection du dossier[3].

  1. Lettre de Mercier, du 24 avril 1899, au ministre de la Guerre (Cass. II, 339). — Lettre de Gonse, du 29 avril 1899 (Cass., II, 340). — Etc.
  2. Cass., I. 433, Gribelin.
  3. Ibid., 431.