Page:Joseph Reinach - Histoire de l’Affaire Dreyfus, La Revue Blanche, 1901, Tome 1.djvu/620

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
 Les corrections sont expliquées en page de discussion
598
HISTOIRE DE L’AFFAIRE DREYFUS

Le fait que Casimir-Perier me cita la phrase, et qu’il la cita également à Gabriel Monod, telle qu’elle fut donnée, près de deux ans plus tard, par l’Éclair, porterait à croire que Mercier communiqua au Président de la République un texte inexact ou falsifié.

En tous les cas, Casimir-Perier affirme qu’il ne sut pas que la pièce n’avait été soumise aux juges qu’en dehors de la défense.

Quant à la date de la communication qui lui en fut faite par Mercier, Casimir-Perier en a déposé ainsi : « C’est, je crois, avant la condamnation[1]. » « Je crois pouvoir affirmer que cette communication m’a été faite avant le procès[2]. » Mercier insinue que « M. Casimir-Perier n’a pas compris ce qu’il lui a dit ».

La communication secrète a été connue de Félix Faure, peu de jours après son élection en remplacement de Casimir-Perier ; il en fit la confidence au Dr  Gibert, du Havre.

IX

le questionnaire allemand du 20 septembre

L’un des conseillers de la Chambre criminelle de la Cour de cassation avait posé cette question : « Le canon de 120 court pouvait-il être connu de l’étranger dans tous ses détails, le frein compris, dès 1890, grâce à la trahison du sieur B… ? »

Le général Deloye, directeur de l’artillerie, fut invité par le ministre de la Guerre[3] à répondre à cette question par une note documentée[4]. Il s’exprima en ces termes :

« Il y a présomption pour croire que, bien après 1890,

  1. Cass., I, 130, Casimir-Perier.
  2. Rennes, I, 61, Casimir-Perier.
  3. Freycinet.
  4. Février 1899.