fait même pas allusion à l’incident allemand. Pendant que Mercier et Gonse étaient émus au point de redouter une déclaration immédiate de guerre, Boisdeffre était allé à la campagne. Pourtant, le développement de l’incident devait intéresser le chef de l’État-Major. Mais Gonse s’en tait ; il ne l’informe que de ces aveux dont il n’a rien dit à Picquart !
Il est manifeste que cette lettre a été écrite après coup, et datée, par un faux audacieux, du 6 janvier 1895[1].
VIII
Gonse n’avait point parlé des aveux à Picquart, non seulement parce que son inquiète pensée était occupée d’un autre sujet, mais parce que Mercier avait ordonné de laisser l’imprudente calomnie tomber dans l’oubli.
« Incidemment », et « quatre ou cinq jours après », Mercier dit à Casimir-Perier, sans préciser, que « Dreyfus, du reste, avait fait des aveux[2] ». Mais il n’en dit rien aux ministres, ses collègues[3], et Boisdeffre s’en tait, et Gonse, et Sandherr, et Henry. Ils s’en taisent tous, à Forzinetti comme à Cordier[4] et à Picquart. Et Dreyfus surtout en est laissé dans l’ignorance[5] ; défense de laisser aucun bruit du dehors venir à lui ; défense aux siens, quand ils le verront dans sa prison, de lui dire un mot, un seul mot de son procès ; il ne connaîtra ce nou-
- ↑ Cette lettre fut probablement fabriquée par Gonse en 1898, à l’usage de Cavaignac. — Voir Appendice XX où je donne une autre preuve du faux.
- ↑ Cass., I, 331 ; Rennes, I, 70, Casimir-Perier.
- ↑ Cass., I, 291, Guérin ;293, Poincaré ; 336, Barthou ; 659, Dupuy.
- ↑ Cass., I, 302, Cordier.
- ↑ Rennes, II, 238, Dreyfus.