exil, il chercherait à obtenir de lui ou l’aveu de son crime, ou celui de quelque imprudence, de quelque tentative d’amorçage, devenu le terrible engrenage qui l’avait perdu.
VII
Du Paty présenta à Forzinetti l’ordre du ministre pour qu’il pût voir librement Dreyfus. Il s’enquit de l’état du prisonnier, enjoignit à l’agent principal de se tenir à portée de sa voix[1], comme s’il eût redouté quelque violence.
En tête à tête avec Dreyfus, il lui fit sa communication. Dreyfus lui répondit, une fois de plus, qu’il n’avait jamais eu de relations avec aucun agent ni attaché étranger, qu’il ne s’était livré à aucun amorçage, qu’il était innocent[2].
Du Paty exposa comment sa conviction de la culpabilité s’était faite, insistant sur les renseignements d’un agent secret et d’un attaché militaire ami de la France. L’agent a rapporté qu’un Dreyfus pratiquait l’espionnage, sans affirmer toutefois qu’il s’agissait d’un officier. L’attaché a fait ses confidences à Henry. Sentant qu’il en a trop dit : « Nous parlons entre quatre murs ; si on m’interroge sur tout cela, je nierai tout[3]. »
- ↑ Cass., I, 322, Forzinetti.
- ↑ Cass., III, 534, lettre de Dreyfus à Demange. — Cass., I, 6, Mercier : « Il n’a point voulu parler. « — Rennes, I, 100, rapport de Du Paty, du 31 décembre 1894 : « Il n’a rien voulu avouer, me déclarant qu’avant tout il ne voulait pas plaider les circonstances atténuantes. »
- ↑ Lettre à Demange.