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HISTOIRE DE L’AFFAIRE DREYFUS


corps, essaya de le calmer[1]. On lui rabattit sur la tête le capuchon de son manteau d’officier, et, par la rue déserte, d’où la foule avait été repoussée, il fut ramené à la prison.

XIX

Picquart avait porté la nouvelle de la condamnation à Mercier qui attendait, en grand uniforme, devant se rendre à un dîner officiel, à l’Élysée. Il ne fit aucune remarque. Mme Mercier eut un mouvement de pitié : « Pauvre homme ! » dit-elle.

Boisdeffre, également informé par Picquart, lui dit qu’il irait dîner plus tranquillement.

Picquart, très soigneux, s’était préoccupé, avant le jugement, des pièces secrètes : comment rentreraient-elles au ministère ? Du Paty lui dit de ne pas s’en inquiéter[2]. Le jugement rendu, Maurel, qui avait refait le pli, le remit à Du Paty[3] « sans aucune explication, en présence des juges ».

Mercier avait prescrit formellement cette rentrée immédiate des pièces secrètes. Restées au dossier militaire, elles auraient été connues du conseil de revision, de l’avocat chargé du pourvoi. La condamnation eût été annulée dans un énorme scandale.

Du Paty remit le dossier secret à Sandherr, de qui il le tenait. Sandherr le porta, le lendemain, ou peu après, à Mercier.

Aussitôt, Mercier détruisit la notice biographique,

  1. Cass., I, 321 ; Rennes, III, 106, Forzinetti.
  2. Rennes, I, 381, Picquart.
  3. Rennes, II, 193, Maurel.