tution de 1848 l’ayant abolie pour les crimes politiques ; il fut insulté, traité de mouchard. Il eût été dangereux de parler d’acquittement[1]. Cette foule voulait la mort.
Le verdict sera prononcé en séance publique ; les journalistes, se rendant dans la salle, aperçurent, au milieu de l’escalier, Dreyfus que les gardes emmenaient. Il se tenait droit(2)[2], la tête haute. Un officier d’État-Major, qui s’approcha, saisit son regard brillant du prochain triomphe.
Il fut conduit, pour y attendre le jugement, dans l’infirmerie de la prison de passage, qui est une dépendance du tribunal.
Bertin-Mourot, à l’en croire, commit un acte féroce.
Ce demi-juif haïssait Dreyfus. Il lui avait fait donner la seule note sévère de son dossier ; il l’avait chargé ensuite avec violence, insinuant qu’il avait dû vendre à la Prusse la mobilisation de l’Est. À l’issue de la dernière audience, il alla dire à Boisdeffre, puis à Mercier, ses impressions, « ses angoisses[3] », son énorme inquiétude[4], son service, où avait travaillé Dreyfus, « gravement touché, s’il était coupable[5] », tout le travail de la couverture compromis, grand péril « auquel il faut immédiatement parer ». Mercier lui prescrivit de se rendre aussitôt chez le Président de la République. Il ne fut admis que sur le tard auprès de Casimir-Perier, lui fit son récit à l’heure même où les juges délibéraient. « Sera-t-il condamné » ? demanda le Président. — « Je