sieurs[1], si bien qu’il crut quelque temps lui avoir remis lui-même le dossier secret[2].
Pourquoi Du Paty avait-il été choisi pour cette besogne ? Sa fonction d’officier judiciaire l’en devait exclure, et il n’appartenait pas au service des renseignements. Pourquoi pas Henry qui, officiellement, représentait le service au procès ?
Fut-ce sur le conseil d’Henry, qui n’aimait pas à se compromettre inutilement, et pour tenir Du Paty par cette participation à la forfaiture ?
Participation d’autant plus étroite que Du Paty, d’un orgueil de paon, ne douterait pas que le pli renfermait son propre commentaire ; il serait ainsi l’auteur caché, mais direct, de l’infâme victoire.
XIV
L’audience reprit pour une heure. Le réquisitoire de Brisset, très affirmatif, fut une réédition du rapport de D’Ormescheville, inspiré lui-même et dicté par Du Paty. Il insista, non sans adresse, sur la valeur morale des témoins à charge.
Des groupes s’étaient formés, plus nombreux que les jours précédents, autour du tribunal. On attendait le verdict pour ce même soir. Des orateurs improvisés
- ↑ Cass., I, 132, Picquart : « J’ai apporté plusieurs plis au colonel Maurel. » Rennes, I, 381 : « Le fait est que j’ai eu à apporter… etc. » Et encore, lettre au garde des Sceaux, du 15 septembre 1898 (Cass., III, 41).
- ↑ À l’instruction Ravary (décembre 1897), le greffier Vallecalle lui avait dit : « Est-ce que ce n’est pas vous qui avez apporté le dossier secret ? » (Cass., I, 132.) Picquart ne sut qu’à Rennes, par la déposition de Maurel, le 24 août 1899, que c’était Du Paty ; (Rennes, II, 193.)