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LE PROCÈS


Le rabbin de Paris, homonyme, mais nullement parent de Dreyfus, démentit un propos qui lui avait été prêté par Guénée[1] ; le philosophe Lévy-Brühl, son cousin, le docteur Vaucaire, et un grand industriel, Arthur Amson, dirent leur estime pour lui, la sûreté de ses rapports, la régularité de sa vie, son goût du métier, son ambition. Autant de vaines paroles. Les dépositions de cinq officiers[2], le colonel Clément, les commandants de Barbarin, Ruffey et Leblond, les capitaines Meyer et Devaux, parurent, ce qu’elles étaient, des actes d’un grand courage, qu’il faut saluer, mais se heurtèrent au même mur. Dreyfus avait pu être un bon et loyal soldat ; il était devenu un traître.

Mais pourquoi ? Le fait, dans ces âmes simples de soldats, primait le mobile inconnu. Recherche de psychologue qui ne les concernait pas.

XIII

Pendant la suspension d’audience qui suivit, les dépositions étant terminées, et avant le commencement des plaidoiries[3], Du Paty s’approcha de Maurel et lui

    décembre par dix-sept compagnies intéressées. (Dépêche datée de Mulhouse, le 22 décembre, 9 h. 31 du matin ; signée : Henri Borel, Frédéric Thesmar, fondés de pouvoir de la compagnie d’assurances.)

  1. Le rabbin Dreyfuss, dont Guénée faisait le gendre du grand rabbin Zadoc Kahn, aurait engagé Mme Hadamard à déclarer que le capitaine était joueur. (Rapport du 19 novembre ; Cass. II, 290.)
  2. Le général Lebelin de Dionne, ancien commandant de l’École supérieure de guerre, et le général Niox, qui avait été le professeur de Dreyfus et le croyait innocent, avaient été sollicités de déposer ; ils se dérobèrent.
  3. Rennes, II, 198, Maurel.