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HISTOIRE DE L’AFFAIRE DREYFUS

X

Les experts furent entendus à la fin de la deuxième audience ; Bertillon, le troisième jour[1].

En désaccord entre eux, deux contre deux, les experts maintinrent et développèrent leurs conclusions.

Gobert et Pelletier convenaient de ressemblances entre l’écriture du bordereau et celle de l’accusé ; Dreyfus lui-même ne les contesta pas[2]. Mais les dissemblances l’emportaient de beaucoup. Bien qu’il admît le rapport du genre à l’espèce, Pelletier surtout fut très affirmatif dans son refus d’attribuer le bordereau à Dreyfus. Charavay le lui attribua avec la seule réserve d’un Sosie[3]. Teyssonnières n’eut aucun doute : Dreyfus a déguisé son écriture ; il est l’auteur du bordereau[4].

La balance hésitait. Demange avait essayé de disqualifier Teyssonnières, qui venait d’être rayé par le tribunal de la liste des experts[5]. Maurel reprit, contre les experts favorables à Dreyfus, toutes les imputations de D’Ormescheville : Pelletier n’a pas voulu communiquer

  1. 21 décembre 1894.
  2. Rennes, II, 462, Charavay : « En effet, dit Dreyfus, cette écriture ressemble à la mienne, mais ce n’est pas mon écriture. »
  3. Cass., I, 131, Picquart.
  4. Cass., II, 7, Freystætter. — En 1897, Teyssonnières sollicita la croix de la légion d’honneur : à un sénateur qu’il voulait intéresser à sa requête et qui lui demandait ses titres, il répondit : « C’est moi qui ai déclaré que le bordereau était de Dreyfus. »
  5. Cass., III, 223, Manau, procureur général : « Le fait de la radiation suffit à discréditer l’opinion d’un expert. »