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HISTOIRE DE L’AFFAIRE DREYFUS


ment furent jointes, comme justification du texte, à la nouvelle notice : la lettre Davignon et la pièce Canaille de D…, la première de Panizzardi, la seconde qui lui était attribuée, et qui, peut-être, avait été maquillée[1]. On n’osa pas produire les débris du papier calciné où, plus tard, Bertillon lui-même refusera de reconnaître l’écriture de Dreyfus[2]. Henry ayant rappelé cette vieille histoire de l’obus à la mélinite, Mercier l’avait invité à en rechercher le dossier à la direction de l’artillerie. Henry, qui savait que la pièce était inapplicable à Dreyfus, s’en tira très simplement par l’un de ses tours familiers. Il revint dire à Mercier qu’on n’avait pas retrouvé le dossier, mais protesta que sa mémoire était sûre.

En 1898, après la mort d’Henry, quand Gonse demandera ce dossier, le colonel Godin le lui apportera aussitôt[3].

On passa outre. Puis, on transcrivit cette traduction falsifiée de la dépêche du 2 novembre : « Dreyfus arrêté. Émissaire prévenu. Précautions prises[4]. »

Le fait est violemment nié par Mercier. Il affirme

    mann.) Et « ces cours sont mis en vente pour les officiers au prix de 1 fr. 60 ». (Cass., III, 695, Mornard.)

  1. Voir Appendice I, in fine.
  2. Rapport de Bertillon, dossier de la Cour de cassation, n° 82.
  3. Rennes, II, 210 : « Mercier : On vous a déjà dit que ces faits avaient été laissés de côté au moment de l’affaire Dreyfus. — Gonse : C’est moi qui ai dit cela. — Mercier : En 1894, le commandant Henry avait cherche à se procurer le dossier, et on ne l’avait pas retrouvé. Ce n’est que plus tard… — Gonse : En 1898, le colonel Godin l’a retrouvé, et il me l’a remis à moi-même. » — Autre déposition significative de Gonse, à Rennes, sur le même sujet : « On a expertisé (en 1898) l’écriture ; on n’a pas pu retrouver que ce fût l’écriture de Dreyfus ; on n’en a pas fait une charge contre lui. » C’est trop de bonté ! « Mais c’est un indice, en ce sens que ce papier a été découvert au moment où il était à l’École de pyrotechnie. » (Rennes, I, 540.
  4. Rennes, II, 400 et 403, Freystætter. — Voir chapitre X, p.441.