D’abord, de janvier 1894, le mémento de Schwarzkoppen, trente mots environ du brouillon d’un rapport, où Du Paty voyait le récit manifeste des offres de service faites par Dreyfus à l’attaché allemand. Sandherr, « qui savait mieux l’allemand que lui[1] », en avait fait la traduction : « Doute… Preuve… Lettre de service (ou brevet d’officier)[2]. » Le sens de ce premier fragment était clair. L’auteur du mémento avait reçu des propositions d’un individu se disant officier ; il avait des doutes ou il en avait eu ; il demandait ou avait exigé la production de son brevet. « Ne pas conduire personnellement de négociations… Apporter ce qu’il a… » Cela s’entendait sans peine. « Absolute Ge… (en allemand)… Bureau des renseignements… (en français)… » Pour Du Paty (et Sandherr), ces deux lettres Ge … étaient le commencement du mot allemand Gewalt, force, puissance. Et il donnait cette interprétation d’un ridicule énorme : « Schwarzkoppen craint l’absolue puissance du bureau des renseignements qui pourra le découvrir dans ses opérations. »
Picquart traduira : Absolute Gewissheit certitude absolue… ; il l’entend ainsi : « La certitude absolue qu’Esterhazy a des relations avec le bureau des renseignements[3] ». Esterhazy, en effet, avait été attaché à ce service, sous le commandant Campionnet, en 1878, avec Henry qui y était rentré depuis, et Maurice Weil[4].
Le mémento continue par ces mots : « Aucun rapport…
- ↑ Rennes, III, 511, Du Paty.
- ↑ En allemand : Zweifel… Beweis… Patent…
- ↑ Rennes, I, 404, Picquart.
- ↑ Cass., I, 306, Maurice Weil.
secret, concordent exactement avec celle de Picquart. (Revision, 110 ; Cass., I, 135 ; Rennes, I, 32). Du Paty convient lui-même que son commentaire portait bien sur les pièces indiquées par Picquart. (Cass., II, 36).