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HISTOIRE DE L’AFFAIRE DREYFUS


tout chez moi ; vous ne trouverez rien. » En effet, « la perquisition a amené, ou à peu de chose près, le résultat indiqué par lui ». Où est la contradiction ? « Mais il est permis de penser que, si aucune lettre, même de famille, sauf celles de fiançailles, aucune note, même de fournisseurs, n’ont été trouvées dans cette perquisition », — et cela, encore, est faux[1], — « c’est que tout ce qui aurait pu être en quelque façon compromettant, avait été ou détruit ou caché depuis longtemps. »

Autre charge : « Il résulte des déclarations de l’accusé qu’il pouvait se rendre en Alsace en cachette, à peu près quand il le voulait, et que les autorités allemandes fermaient les yeux sur sa présence. » Or, Dreyfus a dit exactement le contraire : un seul permis de cinq jours lui a été accordé, quand son père mourut ; ses autres demandes ont été rejetées ; deux ou trois fois seulement, il est allé par la Suisse à Mulhouse, en secret.

Les mensonges de Guénée, les basses dépositions de quelques officiers, (les témoignages de Colard et de Mercier-Milon sont étouffés), remplissent presque tout le reste du rapport.

Dreyfus est joueur, bien qu’il l’ait nié[2]. Pourtant, « il a reconnu être allé une fois dîner au cercle de la Presse ». Il était avant son mariage, « un coureur de femmes » et il n’a pas « changé d’habitude à cet égard ». Il a eu pour maîtresses « une femme Bodson, plus âgée que lui, mariée, riche, donnant des repas auxquels il

  1. Dreyfus avait gardé toutes ses factures, même antérieures à son mariage. Elles furent saisies par Cochefert et Du Paty, mises sous scellés. Elles sont au dossier.
  2. « La clientèle des cercles-tripots de Paris étant en général très peu recommandable, les témoins que nous aurions pu trouver auraient été suspects ; nous nous sommes par suite dispensé d’en entendre. »