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L’INSTRUCTION


Il amena donc à D’Ormescheville un employé du deuxième bureau. Le caporal Bernollin avait copié, en février 1894, une note du commandant Mollard qui contenait « des renseignements statistiques, topographiques et géographiques sur Madagascar, et quelques renseignements sur l’armée hova. Rien d’intéressant et qui méritât d’être communiqué à une puissance étrangère[1]. » Mais Bernollin dit que la note portait la mention « secret ou confidentiel », qu’elle était signée du général Renouard, et qu’elle traitait, non seulement des ressources et des routes de Madagascar, mais d’un projet de campagne, avec l’évaluation des dépenses qui en résulteraient.

Comme le colonel de Sancy recevait de nombreuses visites, le caporal, faisant fonctions, à la fois, de scribe et d’huissier, était souvent dérangé. Son travail (une vingtaine de pages) dura « quatre ou cinq jours ». Le soir, il plaçait sa copie dans un carton « qui restait sur son bureau » ; la porte du corridor était fermée à clef, mais non celle du bureau. De jour, quand il n’y travaillait pas, il la laissait sur sa table, sous son buvard, « mais parfois à découvert ». Les officiers qui passaient ont pu la voir, « la lire en partie[2]. »

Schwarzkoppen et Panizzardi venaient, chaque semaine, dans cette antichambre ; Bernollin n’en dit rien. Il ne nomme que Dreyfus ; il l’a vu quatre ou cinq fois.

    sitoire (III, 578). Cavaignac (Cass., I, 17), et Gonse (Cass., I, 243) l’avaient déjà indiquée à la Cour de cassation. Mercier écarte formellement la note copiée, en février, par le caporal Bernollin : « Ce n’est pas cette note qui a été envoyée. » (Rennes, I, 121.)

  1. Rennes, I, 121, Mercier. De même Carrière : « Note purement géographique, d’intérêt militaire à peu près nul. Cela n’avait aucun intérêt. » (III, 578.)
  2. Cass., II, 67, Bernollin, déposition du 21 novembre 1894 à l’instruction D’Ormescheville.