Page:Joseph Reinach - Histoire de l’Affaire Dreyfus, La Revue Blanche, 1901, Tome 1.djvu/285

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
263
LA CAPITULATION DE MERCIER


L’accusé « avait eu des relations intimes avec plusieurs femmes du demi-monde ».

Une nouvelle note de Lépine, postérieure de quelques jours, qui exprimait des doutes sur les aventures galantes prêtées à Dreyfus[1], n’arriva pas davantage au dossier.

Il sera, dès lors, avéré que Dreyfus a été un joueur notoire, perdu de vices, et que tous ses démentis, toutes ses protestations sont d’un imposteur.

On avait ainsi réponse à qui s’inquiétait du mobile du crime. Comment expliquer l’inexplicable ? Par le mensonge.

V

Mais l’affaire importante, capitale, c’est le dossier secret.

Mercier a beau rassurer ses collègues[2], il reste inquiet ; de même, tous ceux qui l’entourent, Boisdeffre, Gonse, Sandherr. Du Paty lui-même ne réussit pas à cacher ses craintes sous son effrénée propagande ; Picquart continue à le voir « de plus en plus anxieux sur l’issue de l’affaire[3] ».

Où il n’y avait rien qu’une ressemblance d’écriture, l’instruction de D’Ormescheville ne trouvait pas plus que l’enquête de Du Paty.

La première audience de D’Ormescheville n’avait pas duré cinq minutes. Il avait montré à Dreyfus la

  1. Cass., II, 12, Lépine.
  2. tiennes, I, 220, Hanotaux.
  3. Rennes, I, 373, Picquart.