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LA CAPITULATION DE MERCIER


cier sait, à n’en pas douter, que Dreyfus, s’il a eu des relations avec Schwarzkoppen, n’en a point eu avec Panizzardi[1].

La dépêche de Panizzardi a été envoyée le lendemain du jour où l’arrestation a été connue. La plupart des journaux disent alors que Dreyfus a trahi avec l’Italie, et qu’il a fait des aveux. Comment l’attaché italien s’exposerait-il à voir infirmer, sous peu de jours, la dénégation formelle qu’il adresse, dès la première heure, à son chef ? La dépêche est chiffrée ; elle n’a pas été écrite pour tromper le Gouvernement français ; elle est l’expression sincère de la vérité.

II

Nécessairement, la traduction de la dépêche avait été soumise au ministre des Affaires étrangères[2]. Hanotaux « n’en fut pas frappé[3] » ; la dépêche lui parut de peu d’importance. Il n’en parla pas à Mercier.

Ce silence d’Hanotaux s’explique. Mercier n’avait entretenu ses collègues que du bordereau, leur affirmant d’ailleurs « que la culpabilité de Dreyfus devenait de plus en plus certaine, et que la conviction des magistrats militaires était faite[4] ». Ainsi, Hanotaux est fondé à tenir pour superflue l’affirmation de Panizzardi,

  1. Mercier dit à Rennes (II, 94) que cette version était « vague ». — Cavaignac affirme que les deux versions furent données, à Mercier, « à très peu d’intervalle, quarante-huit heures, je crois ». (Cass., II, 348.)
  2. Cass., I, 644 ; Rennes, I, 226, Hanotaux.
  3. Cass., I, 644, Hanotaux.
  4. Rennes, I, 220, Hanotaux, note du 7 décembre 1894.