Page:Joseph Reinach - Histoire de l’Affaire Dreyfus, La Revue Blanche, 1901, Tome 1.djvu/122

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
100
HISTOIRE DE L’AFFAIRE DREYFUS


Aujourd’hui, pendant que Bertillon étudie le bordereau, ce plan reçoit un commencement d’exécution.

La lettre, qui convoquait Dreyfus sous prétexte d’inspection générale, lui fut portée dans le début de l’après-midi. Elle portait la date du jour (13 octobre) et était signée de Gonse[1]. Dreyfus était absent. Le planton laissa la lettre et le reçu, puis revint vers le soir. Dreyfus était rentré et signa le reçu.

À cette même heure, Bertillon déposait son rapport.

Aussitôt, Du Paty retourne chez Cochefert, lui déclare que Bertillon, dans son rapport, « affirme qu’il y a bien identité entre les deux écritures, celle de Dreyfus et celle du bordereau[2] ». Et Cochefert comprend que « l’arrestation est absolument décidée[3] ».

XXIII

Mercier rentra à Paris dans la nuit du 13 au 14. Il se fit rendre compte des derniers incidents, vit que tout était bien et convoqua, pour le soir, à 6 heures, une

  1. La convocation est autographiée ; elle est ainsi conçue : « Paris, le 13 octobre 1894. Convocation. Le général de division, chef d’État-Major général de l’armée, passera l’inspection de MM. les Officiers stagiaires dans la journée du lundi 15 octobre courant. M. le capitaine Dreyfus, actuellement au 39e régiment d’infanterie à Paris, est invité à se présenter à cette date et à 9 heures du matin au cabinet de M. le chef d’État-Major général de l’armée, tenue bourgeoise. » Les mots en italique sont écrits à la main sur l’ordre de convocation. Il n’y eut aucune inspection à la date du 15 octobre.
  2. Cochefert place cette déclaration, qui ne lui laissait aucun doute, « vendredi ou samedi », le jour où Bertillon remit son rapport. (Rennes, I, 583.) Nous savons que c’est le samedi 13.
  3. Rennes, I, 583, Cochefert.