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HISTOIRE DE l’AFFAIRE DREYFUS


Dupuy et Guérin semblent s’être tenus sur la réserve. Hanotaux, cependant, à force d’insistance, finit par obtenir de Mercier « l’engagement que, s’il ne trouvait pas d’autres preuves contre l’officier dont il s’agissait », et dont il continuait à taire le nom, « la poursuite n’aurait pas lieu[1] ».

Il fut décidé, d’autre part, que le garde des Sceaux et le ministre de l’Intérieur mettraient à la disposition du ministre de la Guerre le moyen de procéder, chez l’officier soupçonné, à une perquisition « qu’on essayerait de rendre secrète ».

Ce nom de Dreyfus, que tout l’État-Major connaissait depuis plusieurs jours, pourquoi Mercier le cachait-il, avec tant de soin, au chef de l’État, au président du Conseil, au ministre des Affaires étrangères ?

XV

Mercier n’a été autorisé par ses trois collègues qu’à procéder, dans le plus grand secret, à une perquisition. Or, cette perquisition, il ne l’ordonne pas. Ce qu’il ordonne, à peine rentré au ministère de la Guerre, ce sont les mesures préparatoires de l’arrestation de Dreyfus.

Il était pressé. Il doit partir, le lendemain, pour les manœuvres de Limoges, où il passera deux jours avec Boisdeffre (le 12 et le 13). Il n’en reviendra le 14 que pour se rendre, toujours avec Boisdeffre, aux manœuvres d’Amiens (16 et 17). Il faut que tout soit réglé avant le soir. Donc, d’urgence, il mande l’expert Gobert

    suites, mais à une enquête, car c’était là l’objet de ma préoccupation. »

  1. Rennes, I, 219, Hanotaux. — Voir Appendice II.