appelait l’amnistie « l’amnistie juive » ; Rochefort avait appris de source sûre qu’elle avait été négociée, en ma faveur, avec le Pape. — On sait l’amitié ancienne qui m’unit à Waldeck-Rousseau ; on feint de ne pas comprendre qu’étant amis, nous pouvons différer d’opinion. Nous avions parlé souvent de l’amnistie sans nous convaincre[1] ; Picquart ne s’était jamais rencontré avec lui.
Le lendemain de notre audition par la commission, un journaliste radical, devenu nationaliste, Edmond Lepelletier, reprit violemment l’antienne. « L’amnistie est perfide et honteuse » ; elle a été préparée par Waldeck-Rousseau « avec les compères Dreyfus, traître en chef, et les sous-traîtres, Picquart, Reinach, Zola » ; « ce trio de scélérats sue de peur à l’idée que l’amnistie pourrait être refusée[2]. »
Nous décidâmes, Picquart et moi, de poursuivre le journal ; Zola refusa de se joindre à nous, parce qu’il s’était imposé depuis longtemps la loi de laisser tout dire et de se consoler par le mépris.
La commission adopta le projet de Waldeck-Rousseau et confia le rapport à Guérin ; il avait présidé la commission pour la loi de dessaisissement et avait été ministre de la Justice avec Mercier et Dupuy.
XIII
Ces incidents laissèrent encore l’opinion indifférente, parce qu’elle voulait l’amnistie, et qu’elle n’y voyait pas la banqueroute de la justice, mais le rétablissement