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APPENDICE


tendre, contrairement à l’arrêt des Chambres réunies, que la pièce 25 « Ce canaille de D… » relative aux plans directeurs de Nice, pouvait, elle aussi, s’appliquer à Dreyfus ;

Mais attendu qu’il est aujourd’hui certain que, de 1894 à 1898, dans la période où furent fabriquées la pièce 374 dite le faux Weyler et la pièce 376 dite le faux Henry, l’initiale D de la pièce 375 a été frauduleusement substituée à l’initiale P qui existait auparavant ;

Attendu que la falsification est démontrée par deux procès-verbaux, l’un du 30 juillet 1903, l’autre du 6 octobre suivant ;

Qu’aux termes du premier, le général Zimmer, sous-chef d’état-major général, et le capitaine Targe, officier d’ordonnance du ministre de la Guerre, avaient trouvé libre dans un coffre-fort du ministère une copie faite à la machine à écrire de la pièce 371 avec l’initiale P au lieu de D ;

Que, pour en contrôler l’exactitude, des recherches furent opérées dans la collection des copies authentiques des documents secrets communiqués au cabinet du ministre ;

Et que le second procès-verbal, signé du capitaine Targe et des officiers d’administration Gribelin et Dautriche, constate qu’aux archives de la section de statistique, dans un cartonnier portant l’indication 1894, bordereaux du cabinet du ministre, nos 1 à 48, ils ont trouvé un bordereau n° 33 daté du 21 mars 1894, signé du lieutenant-colonel Sandherr renfermant deux documents secrets dont l’un est la copie faite à la machine à écrire de la pièce 371, avec cette différence qu’au lieu de D on lit P ; le même procès-verbal énonçant « à la demande de l’archiviste Gribelin », que les documents secrets énumérés sur le bordereau signé du colonel Sandherr sont contenus dans une chemise portant leur analyse et la date du 21 mars 1894, le tout de la main de Gribelin lui-même ;

Attendu que cette falsification, dont la découverte est postérieure au jugement du conseil de guerre de Rennes, avait eu pour but de créer contre Dreyfus une présomp-