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APPENDICE


apporté de leurs mains loyales et courageuses, une pierre à l’édifice, désormais indestructible, de la culpabilité d’un officier traître à sa patrie.

Beaucoup d’entre eux ne sont pas dans une situation qui leur permette une libre protestation. Il faut donc qu’une voix s’élève pour eux. Ils ont suivi les inspirations de leur conscience. Il n’ignoraient cependant pas qu’ils s’exposaient ainsi aux rancunes d’un gouvernement acquis d’avance à la cause adverse. Ils savaient qu’ils seraient persécutés dans leurs espérances d’avenir, dans leurs diverses carrières, dans leurs fortunes, dans leurs familles et leurs enfants. Et, en effet, toutes ces persécutions se sont abattues sur eux, tandis que leurs adversaires étaient comblés de faveurs.

Ils le prévoyaient, ils le sentaient, et cependant ils ont fait leur devoir, tout leur devoir. Honneur à eux !

C’est pour leur rendre ce juste hommage que leur vieux compagnon de luttes vous a demandé la faveur de l’entendre et vous remercie de l’avoir fait.

Veuillez agréer, Monsieur le Premier Président, l’assurance de ma haute considération.


Général A. Mercier.

Paris, 8 juillet 1906.

Monsieur le Premier Président,

Dans la séance de la Cour de cassation que vous avez présidée hier, Me Mornard s’est cru qualifié pour répondre à la lettre que j’avais eu l’honneur de vous adresser le 6 juillet. Cette réponse peut se résumer ainsi :

Sur les considérations générales que j’ai présentées relativement au mode défectueux de procédure d’un procès de revision et sur les procédés d’argumentation, plus défectueux encore, de M. le procureur général. Me Mornard ne répond pas et je crois, en effet, qu’il n’avait rien à répondre.

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