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HISTOIRE DE L’AFFAIRE DREYFUS


nonça : « Les arrêts de la Cour suprême sont au-dessus de toute suspicion et de tout outrage. »

Le Sénat vota alors la réintégration de Dreyfus[1], « qui libérait, dit Dubost, la conscience française », puis, sans débat, la réintégration de Picquart[2].

XI

Le protocole militaire a réglé une parade pour la dégradation ; la réintégration n’en comporte point. Nulle autre cérémonie de réparation que la remise de la croix devant les troupes assemblées.

J’avais proposé qu’elle eût lieu dans la grande cour de l’École militaire où Dreyfus avait subi la parade d’exécution ; c’était l’avis d’Étienne. Dreyfus me dit qu’une telle émotion serait trop forte ; il ne supporterait pas l’évocation du supplice où il n’avait point faibli. Les tragédies l’avaient poursuivi ; nul n’y était moins propre. Étienne décida que la solennité aurait lieu dans la petite cour dite « des jardins », au milieu du pavillon de l’artillerie, et accorda à Targe qu’il recevrait, à côté de Dreyfus, la rosette d’officier.

Le Conseil supérieur de l’Ordre s’était empressé de ratifier, à l’unanimité, la proposition de décorer Dreyfus. Le général Mensier dit, dans son rapport, qu’il pour-

  1. Par 182 voix contre 30 (Mercier, le vice-amiral de la Jaille, de Cuverville, le général de Saint-Germain, le marquis de Carné, les comtes d’Elva, de la Bourdonnaye, de Pontbriand, de la Riboisière, de Tréveneuc, Halgan, etc). Le Centre s’abstint.
  2. Par 184 voix contre 26.