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L’AMNISTIE

XXI

Quand la session rouvrit dans les premiers jours de novembre, le gouvernement de Waldeck-Rousseau était très solide. L’expédition de Chine, l’Exposition du Siècle avaient réussi ; le pays avait repris la notion de sa force, se sentait en équilibre ; les partis d’opposition, le centre, sans cohésion, affaibli par des défections, perdaient courage ; les socialistes paraissaient sages ; le parti républicain rentrait alertement en campagne contre les congrégations ; c’était pour lui une guerre connue, comme les campagnes annuelles des Flandres sous Louis XIV.

Personne ne bougeant, ni à droite ni parmi les progressistes, pour éviter de donner un succès au gouvernement, Waldeck-Rousseau se fit interpeller par un ami[1]. Le débat, confus, dangereux un instant, quand il fallut s’expliquer sur le discours de Millerand à Lens, se termina par un ordre du jour de confiance voté à cent voix de majorité[2].

La Chambre n’aborda la discussion sur l’amnistie qu’en décembre, après avoir donné au Sénat le temps d’adopter le projet sur l’autre amnistie (délits de presse et faits de grève), que la majorité tenait à incorporer dans la loi[3].

La veille de la séance du Sénat, comme l’appel de Lepelletier contre sa condamnation par défaut revenait, après déjà deux ajournements, devant le tribunal de la

  1. Vazeille, député du Loiret.
  2. 8 novembre 1900.
  3. 23 novembre. — V. p. 50 et 129.