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HISTOIRE DE L’AFFAIRE DREYFUS


vieux Deschanel. Lui aussi, il ne transigeait pas avec les principes et trouvait trop lointain le trône, magnifiquement isolé, où Waldeck-Rousseau reculait la justice.

XVIII

La Chambre, si pressée, il y a huit jours, d’en finir avec l’Affaire, n’avait, semble-t-il, qu’à suivre l’exemple du Sénat, discuter, voter d’urgence le projet du gouvernement. Elle n’en fit rien. Tout à coup sa hâte, sa fièvre tombèrent. Pendant plus d’un mois qu’elle siégera encore, elle sera tout entière à d’autres lois, à d’autres débats, aux événements de Chine, à la grève meurtrière de Châlon, aux incidents qui suivirent les premiers actes du général André, — la démission de Delanne, parce que le ministre, contrairement à son avis ou sans l’avoir pris, a changé deux chefs de bureaux et un chef de section à l’État-Major général[1] ; la démission du généralissime Jamont, parce que le chef de l’État-Major a donné la sienne ; son remplacement par le général Brugère ; — tandis que l’Exposition bat son plein et que Paris, regorgeant d’étrangers, multiplie les spectacles et les fêtes.

Quelque graves ou sérieux que fussent ces événements, intérieurs et extérieurs, et quelle que fût l’urgence de ces autres débats, la Chambre aurait eu dix fois le temps de voter le projet s’il était venu à l’ordre du jour. Mais la Commission, chargée de l’examiner, le

  1. Les colonels Hache, Meunier et Castelnau remplacés par les colonels de Fontenillat, Mercier-Milon et Lafont de Ladébat.