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L’AMNISTIE


les faire au ministère de la Guerre où Przyborowski se rendit, en conséquence, le même jour. François le reçut en présence de deux officiers (le capitaine Lamblin, arrivé la veille au service, et le capitaine Dupont), et Przyborowski commença à débiter son histoire. Mais, à peine avait-il dit quelques mots que Galliffet, avisé par Delanne, envoya l’ordre de ne recevoir aucune communication de l’individu et de le congédier[1].

La conversation à la taverne entre Mareschal et Przyborowski a eu lieu sans témoins. Mareschal connaît, à cette date, les lettres de Tomps, mais aussi les menaces de Wessel. Le Polonais data du même jour une lettre qu’il adressa seulement le surlendemain à l’adresse de François, et qui était la confirmation minutieuse des déclarations que Mareschal avait obtenues de Wessel, à Nancy, au sujet de Cernuski et de Tomps[2].

Nulle collusion plus évidente. Przyborowski, comme Wessel, répétait ce que Mareschal avait intérêt à leur faire dire : que Cernuski n’avait pas été payé par « le parti de l’État-Major » ; que Tomps avait essayé de suborner le Polonais pour confirmer le récit que Mathilde prétendait tenir de lui.

Il n’y a donc pas de charge plus grave contre Mareschal que la coïncidence qui fait dire à François : « Quand deux menteurs comme Wessel et Przyborowski

  1. Procès Dautriche, 215, Mareschal.
  2. Ibid., 183, François : « Cette lecture ne nous apprenait rien de nouveau ; mais c’est justement parce qu’elle ne nous apprenait rien de nouveau qu’elle était capitale pour nous, parce que, entre le 10 mars, jour où Wessel a fait sa déclaration à Mareschal, et le 19 avril, jour où Przyborowski était à Paris, ces deux escrocs n’ont pu se rencontrer. » Ce qui, au surplus, était inexact, Wessel, la veille de son arrestation, s’étant rencontré avec Przyborowski, en présence de Mathilde, dans un lieu public de Nice.