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L’AMNISTIE


de la Justice l’accréditera auprès du Parquet. Et c’est Fritsch qu’on envoie[1].

Quand Fritsch, le 12, arriva à Nice, les papiers étaient déjà à l’abri. Nogier, le commissaire central, y avait pensé, le jour même de l’arrestation de Wessel, et en avait entretenu les magistrats. Comme il y avait des difficultés légales à opérer une saisie, il fut convenu qu’il demanderait à Mathilde de livrer de son plein gré les papiers en sa possession. Mathilde accepta sans hésiter, comme prête d’avance, remit à l’agent qui se rendit chez elle un carnet de Wessel, des lettres de Mareschal, une carte de visite de Tomps et ses deux lettres du 3 et du 7 avril[2]. Comme ces deux lettres lui étaient adressées, elle pouvait les conserver ou les détruire. Le 13, Nogier, en présence de Mourier passa tout le paquet à Fritsch. Les deux lettres de Tomps étaient écrites en allemand et signées de l’un de ses pseudonymes : Jæger. Ni Mourier, ni Nogier ne savaient l’allemand. Nogier proposa de ne pas garder la carte de Tomps ; Fritsch y consentit[3], n’en ayant nul besoin après ce qu’il avait lu.

Lorsque François, quelques jours après[4], eut à son tour les lettres de Tomps, il y vit, lui aussi, la preuve des machinations de la Sûreté pour corrompre Przyborowski et éclabousser l’État-Major[5] ; au contraire, le colonel Hache et le général de Lacroix, les ayant lues simplement, les trouvèrent sans impor-

  1. Procès Dautriche, 179, François ; 405, Delanne ; 423, de Lacroix ; 604, Mourier ; 651, Galliffet.
  2. Ibid., 595, Nogier.
  3. Ibid., 605, Mourier.
  4. Il s’était absenté de Paris pour une autre affaire et n’y rentra que le 19 avril.
  5. Procès Dautriche, 182, François.